
Quels impacts sur l’emploi et quels secteurs en première ligne ?
L’évolution de la tech dans les prochains mois s’annonce contrastée, marquée par un ralentissement brutal de la croissance dans le secteur numérique, notamment en France, où le marché ne progresse plus que de 1,8 % en 2025 (contre +4,1 % en 2024). Les investissements dans les ESN et le conseil technologique reculent même, tandis que seuls les éditeurs et le cloud restent en croissance. Ce ralentissement s’explique par une priorité donnée à la maîtrise des coûts plutôt qu’à l’innovation, ce qui risque de creuser l’écart avec des économies plus avancées comme les États-Unis, où le numérique pèse déjà 10 % du PIB (contre 5,5 % en France).
Côté tendances, l’IA continue de dominer les priorités, mais son adoption se heurte à des défis : manque de méthodes structurées pour mesurer la valeur créée, gestion des risques, et pression réglementaire accrue (souveraineté numérique, conformité, confidential computing). Les entreprises privilégient désormais des modèles d’IA plus petits, spécialisés et moins coûteux, avec une exigence accrue de retour sur investissement clair. La géopatriation des données et la provenance numérique deviennent aussi des enjeux majeurs, sous peine de sanctions.
Quant à la bulle technologique, les signaux sont mitigés :
- Les valorisations des acteurs de l’IA (Nvidia, OpenAI, etc.) sont élevées, dopées par des investissements massifs (plus de 500 milliards de dollars prévus d’ici 2026), mais restent loin des excès de la bulle Internet des années 2000. Les fondamentaux (croissance des bénéfices, innovation réelle) sont jugés plus solides, même si des risques de concentration et d’endettement du secteur apparaissenttradingsat.com+3.
- Certains analystes, comme Michael Burry, mettent en garde contre une possible surévaluation et une bulle spéculative, notamment sur les valorisations des actions tech et des cryptomonnaies, avec un risque de correction en 2026.
- La croissance des bénéfices du secteur tech (estimée à +14,3 % en 2026 pour le S&P 500) et la poursuite des investissements dans l’IA et le cloud pourraient encore soutenir les marchés, mais l’incertitude géopolitique et les tensions commerciales ajoutent des risques de volatilité.
En résumé : pas d’éclatement imminent, mais une vigilance accrue sur la capacité des entreprises à transformer leurs investissements en gains de productivité réels. La bulle pourrait gonfler encore, mais le « moment de vérité » approcherait en 2026, où les bénéfices devront justifier les valorisations actuelles.
L’année 2025 marque un tournant pour l’économie numérique. Après des années de croissance soutenue, le secteur tech connaît un ralentissement brutal en France (+1,8 % seulement, contre +4,1 % en 2024), tandis que l’intelligence artificielle (IA) et le cloud continuent de redessiner les priorités des entreprises. Mais derrière ces chiffres se cachent des bouleversements majeurs pour l’emploi et des disparités sectorielles croissantes, en France comme à l’international. Quels métiers sont menacés ? Quels secteurs recrutent ? Et comment anticiper ces mutations ?
1. L’emploi tech en France : entre ralentissement et nouvelles compétences
Un marché du travail en tension
- Le secteur numérique français, qui représentait 5,5 % du PIB en 2025 (contre 10 % aux États-Unis), voit ses investissements ralentir, notamment dans les ESN (Entreprises de Services du Numérique) et le conseil, en baisse respective de -2,1 % et -2,5 %. Résultat : les embauches se font plus rares, et les entreprises privilégient la maîtrise des coûts à court terme plutôt que l’innovation.
- Pourtant, certains métiers restent en tension : architectes cloud, experts en cybersécurité, data scientists, et spécialistes de l’IA native. Ces profils, capables de piloter des projets à forte valeur ajoutée, sont toujours recherchés, mais les exigences montent en flèche (maîtrise des enclaves matérielles, conformité RGPD, souveraineté numérique).
Les compétences qui montent (et celles qui déclinent)
- En hausse : les compétences liées à l’IA générative, au confidential computing, et à la gestion des données souveraines. Les entreprises cherchent des profils capables de déployer des modèles d’IA plus petits, spécialisés et économes en ressources, avec un retour sur investissement mesurable.
- En déclin : les postes peu qualifiés ou trop généralistes (support technique basique, développement web standard) sont progressivement automatisés ou externalisés. Selon une étude de Wavestone, 70 % des organisations considèrent l’IA comme une priorité stratégique, mais près de la moitié peinent à mesurer la valeur créée, ce qui freine les recrutements non ciblés.
Le risque de décrochage
- La France risque de creuser son retard face aux États-Unis et à la Chine, où les investissements dans l’IA et les infrastructures cloud restent massifs. Sans accélération, le pays pourrait perdre des parts de marché dans les technologies critiques, avec un impact direct sur l’emploi local.
2. Secteurs les plus exposés en France
Les gagnants
- Cloud et cybersécurité : la demande explose, portée par la géopatriation des données et les obligations légales (European Accessibility Act, RGPD). Les entreprises recrutent des architectes cloud et des experts en sécurité pour migrer vers des solutions souveraines.
- Santé et réalité virtuelle : le marché de la réalité virtuelle en santé pourrait atteindre 40 milliards de dollars d’ici 2026, avec des besoins en développeurs spécialisés et en ingénieurs biomédicaux.
- Énergie et technologies vertes : la transition écologique dope la demande pour des profils tech capables d’optimiser la consommation énergétique des data centers ou de développer des outils de traçabilité carbone.
Les perdants
- Conseil et ESN : en recul de -2,1 % à -2,5 %, ces secteurs subissent de plein fouet la réduction des budgets IT. Les consultants généralistes sont les premiers touchés.
- Automobile et industrie traditionnelle : l’automatisation et l’IA menacent les emplois peu qualifiés, tandis que les compétences en robotique et en maintenance prédictive deviennent indispensables.
3. À l’international : une course inégale
États-Unis : l’IA comme moteur (et risque)
- Le secteur tech américain reste dynamique, avec une croissance des bénéfices estimée à +14,3 % en 2026 pour le S&P 500, tirée par l’IA et les semi-conducteurs. Mais cette frénésie d’investissement (plus de 500 milliards de dollars prévus d’ici 2026) crée aussi des bulles : les valorisations de Nvidia ou OpenAI sont scrutées de près, et certains analystes, comme Michael Burry, alertent sur un risque de correction en 2026.
- Emploi : les métiers liés aux infrastructures cloud et à l’IA (ingénieurs ML, spécialistes des puces) sont ultra-demandés, mais l’automatisation menace les postes intermédiaires (comptabilité, service client).
Europe : entre souveraineté et retard technologique
- L’Europe mise sur la souveraineté numérique (clouds locaux, régulation stricte), mais peine à suivre le rythme américain en R&D. Résultat : un risque de pénurie de talents dans les technologies avancées, alors que les défaillances d’entreprises augmentent (+6,5 % au T1 2025).
- Allemagne et pays nordiques : ils recrutent massivement dans l’industrie 4.0 et les énergies renouvelables, mais manquent cruellement de développeurs IA et d’experts en quantum computing.
Asie : la Chine en tête, mais sous surveillance
- La Chine domine les technologies propres et l’IA industrielle, avec des investissements records dans les semi-conducteurs. Cependant, les tensions commerciales et les sanctions occidentales pourraient freiner son avance.
4. Comment s’adapter ?
Pour les professionnels
- Se spécialiser : les profils généralistes ont de moins en moins de valeur. Miser sur des niches (IA embarquée, green IT, cybersécurité) est devenu indispensable.
- Monter en compétences : les certifications en cloud (AWS, Azure), en IA éthique, ou en gestion des données souveraines sont un atout majeur.
- Anticiper les mutations : les métiers hybrides (tech + secteur spécifique, comme la santé ou l’énergie) ont le vent en poupe.
Pour les entreprises
- Investir dans la formation : « upskiller » les équipes existantes plutôt que de recruter à tout prix.
- Prioriser les cas d’usage IA : se concentrer sur des projets à fort ROI, avec des données réalistes et un modèle économique clair.
Conclusion : 2026 s’annonce comme une année charnière : l’IA et le cloud continueront de transformer l’emploi, mais les disparités entre secteurs et pays vont s’accentuer. En France, le défi est double : éviter le décrochage technologique tout en préparant les travailleurs aux métiers de demain.
Pour les professionnels comme pour les entreprises, l’enjeu n’est plus seulement de suivre la vague tech, mais de la surfer sans se faire submerger.
Sources :
- Numeum, Observatoire de conjoncture 2025
- Gartner, Symposium/Xpo 2025
- Wavestone, Tendances technologiques 2026
- Allianz Trade, Scénario économique 2025-2026
- BFM Bourse, Analyse marché tech 2026

