Les dangers des réseaux sociaux : un miroir trompeur pour nos sociétés
par Stéphane MAZEAUFROID-BOULESTIN

Introduction : les réseaux sociaux au cœur de nos vies
Depuis le début du XXIe siècle, les réseaux sociaux se sont imposés comme des vecteurs incontournables de communication, d’information et de socialisation. Facebook, Instagram, TikTok, Snapchat, X (anciennement Twitter) ou encore YouTube structurent désormais une large partie des interactions humaines, en particulier chez les jeunes générations. Utilisés pour s’exprimer, s’informer, se divertir, mais aussi exister aux yeux des autres, ces outils numériques ont transformé en profondeur nos comportements individuels et collectifs.
Mais cette révolution numérique n’est pas sans conséquences. Derrière leur apparente convivialité et leur promesse d’un monde plus connecté, les réseaux sociaux véhiculent des risques majeurs, souvent invisibles ou sous-estimés. Addiction, isolement, harcèlement, manipulation de l’information, perte du sens critique : les dangers sont multiples et touchent tout particulièrement les enfants et les adolescents, encore en construction identitaire et cognitive…
1. Des outils de dépendance : le piège de l’attention
Les réseaux sociaux ne sont pas de simples plateformes neutres. Ils sont conçus pour capter et retenir l’attention de l’utilisateur le plus longtemps possible. Les mécanismes de « like », les notifications, les vidéos à défilement infini (scroll), ou encore les algorithmes de recommandation sont autant d’outils qui exploitent nos réflexes cognitifs les plus primaires. Ils déclenchent un circuit de récompense dopaminergique, comparable à celui des drogues douces.
Les enfants et les adolescents, dont le cerveau est encore en développement, sont particulièrement vulnérables à ces mécanismes. Incapables de réguler seuls leur usage, ils peuvent passer plusieurs heures par jour sur ces plateformes, au détriment du sommeil, de l’attention scolaire, des relations réelles et même de leur santé mentale.
L’usage excessif des réseaux sociaux peut également favoriser des comportements de repli sur soi, d’isolement, voire de dépression. L’apparente connexion permanente masque une déconnexion progressive avec le réel et l’entourage immédiat…
2. Le miroir déformant : image de soi et construction identitaire
Les réseaux sociaux agissent comme des vitrines où chacun est incité à se mettre en scène. Photos retouchées, vidéos scriptées, filtres embellissants, mises en scène de vies idéalisées : tout y concourt à une représentation tronquée de la réalité. Cette logique pousse les utilisateurs, notamment les jeunes, à se comparer en permanence à des modèles inaccessibles, parfois même fictifs ou générés par intelligence artificielle.
Chez les adolescents, cette quête de validation sociale par l’image peut entraîner une perte d’estime de soi, des troubles alimentaires, de l’anxiété, et une pression permanente à « être à la hauteur ». La peur du rejet ou du ridicule devient paralysante, tandis que le besoin d’être aimé ou reconnu pousse à des comportements de plus en plus extrêmes ou artificiels.
L’enfance et l’adolescence sont des périodes de construction identitaire fondamentales. Or, sur les réseaux sociaux, l’identité se résume souvent à une façade, un « avatar social » conçu pour plaire à l’algorithme et à la foule, plutôt qu’à une véritable exploration de soi…